Durant l’été 2019, le journal LE PARISIEN, que nous remercions, nous a consacré un article.
Depuis deux ans, deux cadres parisiens veulent prouver la rentabilité du maraîchage, à travers leur start-up qu’ils développent sur 7 ha dans leur domaine.
Le 2 juillet 2019. Retrouvez l’article ci-dessous ou lisez-le sur le site du journal.
Le maraîchage prend des airs 2.0
Visiter Le Village Potager, à Saint-Pierre-lès-Nemours, c’est d’abord connaître son côté pile, celui où les idées sont formulées sur des ordinateurs, puis exposées sur de grands graphiques pleins de flèches, témoins d’une organisation héritée des grands groupes. Le projet, qui a germé et poussé à Paris (XIIIe) en 2017, à la Station F, un des plus grands incubateurs de start-up, est en effet porté par Etienne Falise, ancien directeur d’une multinationale et sa femme Hélène, ex-directrice du marketing d’une entreprise de transports.
Une fois des mains dans la terre, côté face, on apprend que « les légumes sont tellement bons qu’on peut les manger crus », dixit Etienne qui confesse n’avoir jamais eu d’appétence particulière pour les carottes, radis ou autres courgettes. La surprise est grande en effet de se délecter d’un navet cru. « On redécouvre le goût des vrais légumes », plaide encore Etienne.
« Mal à l’aise » dans leur vie professionnelle, ces citadins de Vincennes ont cherché longtemps comment dévier leur parcours. La révélation a eu lieu il y a trois ans, aux Philippines. Partis avec enfants et sac à dos, ils y ont découvert comment l’agriculture permet de sortir de l’extrême pauvreté. « Etienne voulait créer des emplois, avoir un impact social et solidaire et moi avoir une action écologique. On s’est retrouvés dans ce projet de maraîchage bio, explique Hélène. On aime bien les Lego, on aime construire ».
Il a pour cela fallu pénétrer le monde rural, pas toujours réceptif aux projets d’urbains parisiens. « On a passé un BEP agricole et fait des stages, pour apprendre sur le terrain », poursuit Hélène, passionnée d’agroécologie scientifique. « Le XXe siècle a été le siècle de la chimie, le XXIe siècle sera celui de la biologie, professe-t-elle. Ce que nos ancêtres avaient appris de manière empirique, on commence à l’appréhender de manière scientifique ».
Il fournit des magasins, des écoles ou des restaurants
C’est avec cette philosophie que le couple est désormais à la tête d’une équipe d’une quinzaine de personnes, gérant 7 ha de légumes mais aussi la rénovation de la ferme du XVIIIe siècle dans laquelle ils ont assis le projet. Avec pour horizon, la mise en culture de 8 ha supplémentaires. Outre la vente sur place, Le Village Potager fournit des magasins et des écoles locales mais aussi des supermarchés bio et des restaurants parisiens. L’équilibre financier pointe son nez, même si quelques subventions seront les bienvenues pour aider à rembourser les 2 M€ investis.
« Maintenant que l’on est légitime, il faut que l’on démontre que notre modèle est rentable, voire profitable, souligne Etienne. Ça ne doit pas être honteux de vouloir appliquer des méthodes d’entreprise. Nous voulons servir de laboratoire. Le maraîchage bio ne peut pas être uniquement une parcelle d’un hectare tenue par une seule personne ».
En visant l’excellence, Etienne et Hélène estiment que parallèlement leur revenu doit suivre une courbe ascendante. « On peut prouver que l’échelle de salaire peut aller de un à quatre, assument-ils. Et nous voulons que nos salariés, aux 35 heures, puissent développer leurs compétences et leurs mobilités professionnelles ».
Quant au consommateur, « il doit comprendre que si c’est un peu plus cher, il achète sa santé et un contrat social ».
Le Village Potager, route de Larchant à Saint-Pierre-lès-Nemours. Vente au détail le vendredi de 17 heures à 19 heures et le samedi de 10 heures à 13 heures. Tél. 01.64.78.67.28.